ETES VOUS A LA MASSE ?
Les précisions apportées dans l’article « II 1.8 – Poids » de nos règles de jauge, alimentent les conversations et me conduisent à souligner les points suivants :
° La masse intervient au cube sur la surface mouillée du voilier. En conséquence, il faut un net écart de poids pour que l’accroissement de la friction de carène soit mesurable dans les performances.
° Par contre, le poids joue beaucoup sur la force potentielle de l’inertie. Sur un déplacement linéaire, on prend en compte l’inertie totale du voilier, laquelle s’applique à son centre de gravité (ou d’inertie). Cette force d’inertie joue dans les deux sens : Le voiler le plus lourd est plus difficile à lancer, mais garde mieux son erre.
° Un vent de force 3 engendre un clapot désordonné qui peut dépasser 50 cm et courir à 15 km/h. Il en résulte une succession de heurts sur la coque qui dépendent de la présentation de celle-ci et de la vitesse de rencontre. Ce type de vague nécessite un surcroît d’effort tranchant. Cette puissance, cette force vive, dépend de trois éléments :
– la force vélique (Laquelle au près est liée à la raideur à la toile)
– la vitesse acquise (au carré)
– le poids
d’où pour ces deux derniers éléments la formule : ½ masse x vitesse2
(À vitesses égales la force de percussion d’un rugbyman dépend de son poids ; il en est de même du voilier. )
° Plus le voilier est léger plus il faut favoriser la vitesse au détriment du cap, ce qui peut nécessiter plus de poids au rappel.
° La plupart des jauges cherchant à faire courir ensemble des voiliers différents (IRC, HN …) considèrent le poids comme un handicap et pénalise les voiliers légers. Au près dans le clapot, ce qui est vrai à partir d’une certaine taille – où de toute façon le voilier a une masse en proportion -, ne l’est pas forcément pour le Surprise lequel a besoin de toute sa puissance.
° Tant que le voilier est porté par plusieurs vagues, ses variations d’équilibre autour de son mouvement linéaire restent faibles. Au-delà, la carène se transforme, change ses appuis, agite et déséquilibre l’embarcation. Le tangage et le pilonnement engendre un grand gaspillage d’énergie. On peut remarquer que le comportement du Surprise lié à la répartition de ses volumes de carène est tout à fait remarquable comparé aux voiliers de même taille.
° Le problème se complique avec les phénomènes de balourd (Éloignement d’une masse éloignée du centre de rotation). En rotation (tangage, roulis, lacet), on ne peut négliger la répartition des masses des différents éléments constituants (En régate, par exemple, on ne laisse pas l’ancre sur l’étrave). Une masse éloignée de son axe de rotation est difficile à remuer ; en revanche, une fois en mouvement, elle accumule de la force dans la direction de son déplacement et devient plus difficile à arrêter. Avant tangage, on peut avoir intérêt à étaler l’équipage sur la longueur, mais une fois engendré, il convient de le centrer.
Bertrand CHERET